Shingi du Silence

清規黙道

Lignes de conduite pour la Voie Silencieuse Mokudō - Pour une pratique responsable et vivante

Shingi (清規) est un terme classique désignant le règlement éthique dans les monastères zen. L'ajout de silence inscrit la tradition dans la spécificité Mokudō.

Pourquoi le shingi du silence ?

Dans les monastères d’autrefois, les règles ne furent jamais écrites pour contenir l’éveil, mais pour en préserver l’éclat.

On pourrait donc croire que ces lignes de conduite sont là pour « protéger les humains » ou garantir la pureté d’un enseignement. Mais ce serait un malentendu. Le Dharma n’a pas besoin d’être protégé. Il est vaste comme le ciel, insaisissable, et libre de toute emprise.

 

Les humains, eux, sont vulnérables, mais c’est justement ce qui fait leur humanité. Même les pratiquants les plus sincères ne sont pas à l’abri de l’oubli, de la confusion, de la fatigue ou de l’égo. Et ce n’est pas un problème tant que cela ne se conjugue pas avec une structure qui permet, nourrit ou masque des abus. C’est ici qu’intervient le shingi du silence: il ne vise pas à moraliser les personnes ou à figer la pratique dans un code rigide. Il est là pour protéger la structure, c’est-à-dire les dynamiques relationnelles, les règles implicites, les fonctions de pouvoir contre les glissements insidieux qui apparaissent non pas malgré la pratique, mais parfois à l’intérieur même de celle-ci.

 

Dans toute communauté, surtout quand un enseignement est en jeu, il existe des zones de vulnérabilité :

  • admiration excessive d’une figure
  • dévotion mal orientée
  • sentiment d’appartenance qui devient exigence de loyauté
  • croyance que la fin (éveil, paix, vérité) justifie les moyens

Ce ne sont pas des erreurs individuelles : ce sont des risques structurels. Il ne bride donc pas la pratique, il la protège des dérives insidieuses, celles qui parfois s’immiscent au sein même du zazen, derrière des sourires, dans des silences détournés.

 

En clair, le shingi du silence n’est pas là pour limiter la liberté ; il veille à ce que nul pouvoir ne se drape de sacré pour s’imposer. Il veille à ce que le silence demeure lumière, et non voile opaque. Car nier la violence possible sous prétexte d’idéal est déjà s’éloigner de la Voie. Reconnaître ce fait, c’est déjà entrer dans la Voie : celle qui ne détourne pas les yeux, qui met tout en œuvre pour que la confiance, et non la peur, demeure le socle du lien.

 

Retrouver les 8 points du shingi du silence suivis des 5 principes inspirés du shingi du silence.