Zenki

Ancienne gymnaste de haut-niveau devenue psychologue clinicienne et docteure en psychologie, Zenki explore depuis plus de dix ans les zones sensibles du soin, du vieillissement, de la présence et de la spiritualité. Ancrée dans la pratique du zen, elle suit une voie simple, directe et incarnée, à distance des dogmes et des jeux d’influence. Dans le sport, elle a affronté la dureté d’une discipline dont la rigueur, parfois, blessait autant qu’elle formait. Elle cultive donc aujourd’hui un art de vivre et d’enseigner nourri de joie, d’attention nue et d’un refus des masques.

 

Elle se présente comme moine zen, au sens chinois de 做僧 (zuò sēng, « faire moine »), qui désigne l’accomplissement quotidien des fonctions monastiques plutôt qu’un statut figé. Cette approche privilégie l’action vivante à l’identité figée : on « fait » moine en restant dans le geste plutôt que dans la posture sociale. 

 

Sans titre revendiqué ni adossement institutionnel, sa fidélité va d’abord à l’éthique de la pratique, ce que l’on fait, comment on agit, ce que l’on transmet dans le geste, puis à la mémoire des marges, ces voix qui, avant Meiji, portaient l’exigence de l’éveil hors des carrières et des hiérarchies figées. Et pourtant, quelque chose d’essentiel a été reçu et continue, patiemment, de se déposer dans ses pas. Zenki ne prétend pas transmettre : elle marche avec.

 

La couture du kesa

 

Zenki fait circuler la couture du Kesa comme on ravive un feu discret : dans cette approche, Zenki déploie ce que les Japonais appellent l’esprit shokunin : l’esprit de l’artisan. Non pas la recherche d’une prouesse technique, mais une manière de se tenir dans le geste avec excellence, humilité et service. C’est refaire mille fois le même point, non pour parfaire un vêtement, mais pour que la main et le cœur se polissent ensemble. C’est quitter la logique du “réussir” ou “échouer” pour entrer dans celle du “faire au mieux, aujourd’hui encore”. Dans cette fidélité au geste, chaque couture devient une contribution au bien commun, une trace silencieuse qui porte la dignité de celui qui l’exécute. Et celui qui s’applique ainsi dans la répétition et l’effort découvre une saveur profonde de celui qui oubli le fil. Oublier le fil, c’est laisser s’effacer le résultat pour demeurer dans l’instant où l’aiguille perce l’étoffe. Tel est le sceau de Zenki : l’aiguille oublieuse du fil, sceau discret d’une pratique où l’ouvrage n’appartient plus à celui qui coud, mais à la Voie qui se laisse coudre à travers lui.

 

L’argile des sons se dérobe

les mains creuses

aucun souffle à façonner

le vent ayant toujours chanté

les accords que j’ignorais.

- Zenki